Avoir un panier d’activités pour s’adapter.
Il y des choses sur lesquelles on a du contrôle, d’autres non.
Le 12 mars dernier (2020), nos cinq vidéos du projet L’interculturel sans filtre! étaient lancées. Tout de suite après, je me déplaçais au Labo Trad pour une session de musique traditionnelle. Depuis, tout a déboulé. L’agenda s’est vidé. Les entraînements de bateau-dragon se sont arrêtés. Les sessions ont cessé. Du jour au lendemain, la vie s’est mise sur pause.
Depuis mars, plusieurs étapes ont été traversées par chacun-e d’entre nous. Nous nous adaptons encore. En choisissant de partager une parcelle de mes réalités, je désire garder une trace personnelle de cette période et cultiver l’espérance pour ma pratique professionnelle.
Mars – Le concret comme remède
Sur le coup, on pensait qu’on en avait pour deux semaines. Mon souvenir de mars est la pratique intensive du violon et le collage artistique de mots et d’images. Le matin est au collage. Recréer du sens à partir de sens déconstruits. En après-midi, le violon prend toute sa place. Je reçois des pièces par courriel d’un violoneux sur la photo d’en haut. Je m’intéresse aussi mes enregistrements sur mon téléphone des dernières années: redécouvrir, nommer, classer par tonalité, etc. Merci à tous-toutes les violoneux-euses qui m’ont aidé à nommer mes morceaux sans nom! À défaut de jouer ensemble, je m’investis dans un nouveau répertoire à partager plus tard. En soirée, je découpe des mots et des images puis j’écoute des films pour le comité du Festival Les Percéïdes. Ô que j’en ai écouté des films! Quelle expérience ce fut d’être témoin de la richesse quantitative de la création. Mars est également le mois des semis. Enfin, j’ai cuisiné pas mal: pain, bagel, pâtes fraîches, bénédictines, etc.
Avril – Se réinventer, encore
On sait maintenant que ça sera long maintenant. Ça brasse politiquement pour installer des mesures d’aide. Il y a quand même de l’incertitude sur l’accessibilité. Comme travailleuse autonome, je gravite autour de plusieurs milieux. La COVID19 a déconnecté les relations et interrompu les projets. C’est l’isolement professionnel, mais aussi social. On nous demande de nous réinventer. Ça faisait un an que je préparais mes nouvelles activités. Ça ne tient plus la route. C’est vous qui me donné envie de raconter des histoires. Vous êtes loin et trop préoccupés-es par vos réalités. Je comprends : j’ai aussi mes combats face à la solitude et au vide. Bref, ma pratique documentaire n’est pas ce qui me motive à me lever le matin. Je me tourne vers l’expérimentation. Je m’amuse à découvrir la pixilation en explorant l’univers de la musique qui m’est important. C’est vraiment avec humilité que je vous partage cette vidéo qui me fait sourire affectueusement.
Mai – La lumière du jardinage et du bénévolat
C’est officiel, mon été est à l’eau. Comment avoir un été? Je me prépare à améliorer mes jardins de balcon. Je vais lire davantage et planifier plus de diversité, mais ce n’est pas suffisant. J’ai la chance incroyable de trouver un terrain d’environ 6 x 7 mètres chez un monsieur dans un quartier à proximité. Je suis jumelée à un couple. Nous travaillerons en collectif, mais en alternance. On ne se voit pas, mais on se parle vraiment beaucoup pour lancer le chantier!
C’était ma fête en solo et en zoom au début du mois. Travaillant normalement à vélo et avec de plus en plus d’équipement, je voulais acheter une remorque. Je l’ai fait. Ce cadeau m’a aidé à pouvoir m’impliquer plus rapidement. J’attendais cela depuis longtemps. Je commence à faire des livraisons 1 à 3 fois semaine et à aider à la coordination de mon quartier avec les Cyclistes Solidaires. Ça fait du bien. Je vois du monde. Je bouge. J’aide. J’ai des blocs horaires d’action. Après, je vais au jardin.
Juin – Déconfinement lent
Le travail du jardin et l’implication bénévole m’occupent et, surtout, créent un certain équilibre au jour le jour sur une semaine. C’est positif aussi, la routine!
À travers le tout, des petites sessions de musique à deux, à trois ou à quatre permettent de revivre un peu plus la musique en dehors de chez moi. Mes voisins-es doivent être contents-es. Ça fait depuis mars que je joue intensivement! 🙂 Merci pour votre compréhension empathique ou pour votre écoute attentive.
Le covoiturage se déconfine enfin. Je sors de Montréal pour la première fois grâce à une amie. Je vis aussi ma première excursion avec les Compagnons Maraîchers sur une ferme près de Mont-Tremblant. Deux jours à aider dans le champ en communauté. Soulagement.
Juillet – De l'action extérieure SVP
L’agenda se remplit sans trop savoir pourquoi ni comment je suis autant occupée. Les journées passent vite. Il fait chaud. Ça pousse. Mon balcon est une oasis. Mon jardin est un garde-manger. Je travaille fort à transformer les récoltes de légumes et de fanes pour éviter le gaspillage alimentaire. Ça prend beaucoup de temps… et de place. J’aimerais avoir un congélateur muni d’une porte réfrigérée et non un réfrigérateur muni d’une porte congélateur.
Des petits coups de téléphone surviennent sporadiquement depuis juin. Je travaille sur des soumissions de projets. Rien n’est garanti, mais ça fait plaisir. Merci de penser à moi. J’ai hâte de travailler avec vous.
Entre temps, on continue le jardinage et le bénévolat actif. Je m’offre trois jours de vacances. Je recrée l’esprit des Festivals Trad avec une amie de la formation Tousk : un petit camping face à la Yamaska sur une petite fermette privée. Trois jours de musique dehors. Soulagement.
J’ai toujours su que j’aimais les travaux physiques, mais ceux-ci sont de plus en plus importants. Des Cyclistes Solidaires aux Compagnons Maraîchers au chantier de Jeunes Marins Urbains, du jardin à la route, de Montréal aux Îles-Bouchervilles à vélo, de la rivière Rouge à la Yamaska en auto, juillet est à la terre et à la proximité grâce mes projets et aux initiatives des autres. Merci à vous!
Je commence à avoir envie de conduire à 35 ans. Je m’attaque à ce projet en août…
Je vous invite à lire l’article suivant: Covid19: la reprise.